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Les infrastructures peuvent-elles être durables ?

La durabilité concerne aussi les infrastructures !


L’imprécision ou l’absence d’enjeux précis comme d’indicateurs, n’impose pas, de manière tangible, la ville durable. Il en va différemment de l’architecture pour laquelle existent de nouveaux modes de validations, critères, modes de conception, systèmes constructifs, etc.

Croquis de la Place de la République, Martin Etienne
Croquis de la Place de la République, Martin Etienne

Durable oui, mais partout


L’impératif « ville durable » ne doit pas mener à être obnubilé par le futur, mais à être capable de penser le temps long donc à faire aussi le lien avec le passé.

La transformation durable des métropoles doit s’apparenter à une métamorphose, c'est-à-dire à l’avènement d’une nouvelle condition puisée dans la première, par le réveil ou l’activation d’éléments dormants. Dans cette optique, le durable n’est pas amnésique mais s’ancre dans l’histoire et dans les principaux marqueurs que celle-ci à produit.

Il s’agit d’atteindre une forme d’isotropie dans la recherche de la notion de ville durable incluant la totalité de son territoire, s’appuyant sur les éléments qui la composent et articulant ses différents espaces. Les échelles spatiales et temporelles, du local au métropolitain voire jusqu’à un territoire régional, donne le cadre dans lequel se joue le rééquilibrage des actions d’aménagement. La métropole, nouvelle échelle d’un urbain aux limites communales obsolètes, est complexe. Son développement doit intégrer de nouveaux éléments déjà là, mais rendus conceptuellement « invisibles » ou seulement « nuisibles ». Cela est, par exemple, le cas des grandes infrastructures de transport avec lesquelles il est nécessaire de composer.

Faire ville avec les infrastructures de transport


Notre projet de la porte Pouchet est révélateur de ce point de vue. La création d’un espace public à l’échelle métropolitaine, croisée avec l’infrastructure du Périphérique, instaure la rencontre des échelles, caractère récurrent du territoire. En travaillant sur des typologies dites « complexes » (l’« îlot complexe »), notre projet révèle la capacité de terrains dédaignés, à produire de réelles conditions urbaines. Les interventions sur le patrimoine bâti, comme la tour de Bois-le-Prêtre, sa potentielle réutilisation ou réhabilitation, permettent de travailler les articulations nécessaires entre renouvellement urbain et densification. Enfin, l’usage, considéré dans ses différentes temporalités est une approche de l’utilisation augmentée de l’espace urbain, et des équipements qui y sont associés.

Article de Pierre Alain Trévelo et Antoine Viger-Kohler publié dans Projets urbains durables, stratégies, sous la direction d’Ariella Masboungi, éditions Le Moniteur, Paris, 2012.