Notre proposition pour la transformation de la Porte de la Villette affirme la mutation majeure d’un site marqué par le passage des infrastructures, les discontinuités, les nuisances et les pollutions. Par une plantation massive, un apaisement du sol, le déploiement d’un réseau de promenades douces qui profite du déverrouillage des quelques points clés, la porte est transformée en une grande place-jardin triangulaire. Cet espace central est aménagé dans son entier, dans le court terme, dès la première phase, en prenant appui sur l’existant pour engager un projet sobre et résilient.
Transformation de la Porte de la Villette
SPL Paris et Métropole Aménagement
Paris 19e (75), France
40 ha (surface d’étude)
TVK et MDP – Michel Desvigne Paysagiste
Guillaume Mithieux
TVK (architectes urbanistes mandataire), MDP – Michel Desvigne Paysagiste (paysagiste), Zefco (environnement), Ville Ouverte (programmation et concertation), Egis (ingénierie technique), CITEC Ingénierie (mobilités), Urban Eco (écologie), ATM (hydrologie)
David Enon (directeur de projet), Vincent Hertenberger (directeur des espaces publics), Stella Armeli, Alice Chrétien
Le grand triangle central, une figure emblématique
Au cœur du projet, un grand espace public triangulaire d’environ 5 hectares se glisse sous les infrastructures. Cette place-jardin est à l’échelle de l’enjeu de couture à opérer : elle forme une figure identifiable, permet de se situer, de se figurer les lieux. En cela, elle fait écho aux grandes places parisiennes aménagées sur les anciennes enceintes, comme la place de la Concorde ou de la Bastille. Cette pièce urbaine, entièrement aménagée dans le court terme, permet très vite de transfigurer la nature routière et infrastructurelle de l’actuelle porte.
Une grande place jardin et deux parcs
La place-jardin, très plantée, constitue une centralité, un nouveau lieu de vie à la fois local et métropolitain. Sur ses rives, les parcs Canal et Bertrand sont à la fois des espaces parcourus et des parcs de proximité pour les habitants. Leur enchaînement forme un véritable réseau de parcs, qui complète le système d’espaces ouverts du territoire Paris Nord-Est. Il instaure un nouveau rapport, réconcilié, entre infrastructure et nature. Chaque parc adresse au quartier des espaces bien dimensionnés, en adéquation avec les enjeux d’usage, d’habitabilité et de sécurité.
Nouvelles continuités
Le projet ouvre des continuités franches et claires au travers des infrastructures. Le dévoiement des bretelles du Périphérique permet un nouveau passage sous la voie fret, large de 35 mètres et entièrement réservé aux piétons et aux cyclistes. Ce passage et celui emprunté par l’avenue de la Porte de la Villette, totalement réaménagé, donnent naissance à deux grands axes nord-sud entre Paris et les communes d’Aubervilliers et Pantin. Transversalement, les parcs Bertrand et Canal fabriquent de nouvelles accroches et établissent un lien est-ouest de longue portée, de canal à canal.
Promenades
La place et les parcs sont liés entre eux par un réseau simple et cohérent de promenades, qui participent de l’activation des espaces publics et assurent leur ouverture, leur connexion avec les différents quartiers alentours. Accessibles à tous∙tes, ces promenades sont à la fois des espaces de déambulation, des lieux de rencontre et de convivialité. Ce dispositif permet de concentrer l’intensité d’usage au bénéfice d’itinéraires lisibles, animés et rassurants, et ainsi de limiter l’impact de la fréquentation humaine sur la biodiversité au sein des parcs.
Un réseau de nature et de résilience
Maillons manquants du réseau d’espaces ouverts existants, les parcs présentent une taille suffisante pour installer une cohabitation vivants-humains fertile. Ils entrecroisent les différents flux de vie tout en incluant des espaces « consacrés », à la biodiversité comme à la vie urbaine. Générateur d’un véritable quartier bioclimatique, ce réseau de nature fait cohabiter des lieux dédiés aux usages, d’autres qui permettent d’infiltrer l’eau, des espaces frais et ombragés l’été et ensoleillés l’hiver, des lieux calmes, refuges en marge d’itinéraires animés.
Destination grand-parisienne
La Porte de la Villette devient une nouvelle destination à l’interface entre plusieurs territoires du Grand Paris et au carrefour de multiples quartiers habités. Nouveaux programmes et équipements renforcent les dynamiques culturelles et associatives actuelles. La Nouvelle Commanderie forme un programme rayonnant, animant la place-jardin, programme mixte qui propose à la fois une offre culturelle et festive et une offre événementielle à destination des entreprises.
Espace actif
Au-delà des destinations phares du quartier, les rez-de-chaussée actifs et les espaces publics pratiqués, de jour comme de nuit, participent du sentiment de sécurité. En partie basse des édifices, l’ensemble des programmes qui soutiennent la vie urbaine collective s’adressent sur les places et les parcs : équipements, services, commerces, locaux associatifs, artisanat, culture et loisirs sportifs. Ouvertures, transparences, terrasses et vitrines accompagnent les parcours majeurs des piétons et des cyclistes.
Diversité d’usages et d’usagers
Le projet réinvente le rôle et le statut d’une grande Porte parisienne, comme un lieu intense de brassage des populations, de mélange et d’inclusivité, une interface essentielle entre communes et territoires. La vocation de lieu de solidarité est maintenue et prolongée ; les locaux associatifs et la restauration alimentaire sont installés dans les nouveaux projets, adressés sur l’espace public. Les parcs encouragent des pratiques et des appropriations multiples : sports, cultures urbaines, repos et lenteur, jeux cohabitent dans un cadre apaisé et sécure.
Vivre dans la ceinture verte
L’entrelac infrastructurel de la Porte de la Villette suppose d’inventer une nouvelle manière d’habiter, protégée des nuisances mais ouverte sur l’exceptionnel dégagement qu’offre ce site. Les péristyles qui enveloppent les édifices constituent une épaisseur nouvelle qui apporte du confort et de la flexibilité aux logements, y fait entrer la nature et le paysage, tout apportant des solutions climatiques adaptées à un contexte de réchauffement.
Une Porte bioclimatique
Le projet intègre à l’échelle locale les objectifs de l’Accord de Paris et constitue un quartier pionnier du nouveau PLU bioclimatique. Décarbonés et performants, les nouveaux édifices consomment peu d’énergie, assurent le confort bioclimatique des logements et favorisent des modes de vie sobres. La Porte inaugure un nouveau registre d’espaces publics parisiens favorables aux modes actifs, une nouvelle manière d’être dehors, en ville, au sein d’un milieu frais, résilient, adapté aux mutations climatiques et à la très grande attente sociale de nature.